Séminaires / Seminarios

Séminaire pluri-institutionnel : UNAM, UADY, UA, CEMCA

Dans le cadre des projets / en el marco de los proyectos:

  • Tourismes Alternatifs au Mexique (TOURALMEX, Angers Tourismlab)
  • SEP-CONACyT-ANUIES / ECOS NORD France: “Développement local et conservation: une analyse de défis des politiques de luttes contre la pauvreté à travers le tourisme alternatif dans le Yucatán” (clave 291188, 2018-201)

Organisateurs / coordinadores:

Samuel JOUAULT, UADY

Maxime KIEFFER, ENES-MORELIA-UNAM

Renaud LARIAGON, ESO-ANGERS

Clément MARIE DIT CHIROT, ESO-ANGERS

TOURISME, ESPACE ET BIENS COMMUNS

Les mécanismes de la mondialisation économique ont déjà été analysés aux prismes de nombreuses disciplines et par de nombreux auteurs qui pointent les effets néfastes du tourisme de masse sur l’environnement. C’est d’ailleurs pour cela que dans les années 1990 et 2000 de nombreux organismes internationaux voyaient dans le tourisme alternatif la « voie verte » du développement touristique. Ainsi, Le tourisme alternatif s’est fortement développé dans les années 1990 à la suite des recommandations d’organismes internationaux (Jouault et Kieffer, 2017a ; 2017b). Au Mexique, l’accroissement du secteur a généré une diversification de l’offre touristique, au point que le Ministère du Tourisme mexicain (Sectur) a établi une typologie pour mieux l’encadrer. La catégorie de tourisme de nature regroupe par exemple l’écotourisme, le tourisme rural ou encore celui d’aventure (Sectur, 2006). Et quand il s’agit de découvrir des communautés indigènes, l’attrait pour la nature se conjugue au tourisme culturel, incitant à la patrimonialisation des paysages.

Pour autant, cet essor n’a pas freiné le « tourisme industriel ». Dans la Péninsule du Yucatan au Mexique, le programme Monde Maya, pionnier du genre, fut lancé en 1988 pour contrebalancer les effets du tourisme de masse sur les côtes caribéennes et développer un tourisme plus écologique qui garantirait des revenus aux populations rurales (Daltabuit et al., 2000). Jouault et González-Kuk (2018) ont démontré que ces activités ont connu un essor rapide et représentent aujourd’hui une offre complémentaire (socialement, économiquement et donc spatialement) du tourisme dit de « sol y playa ». Ceci invite d’abord à être attentifs aux processus de régionalisation ou de métropolisation desquelles ces activités pourraient être influencées ou dépendantes ; et ensuite à relativiser son caractère alternatif à l’offre touristique classique. Ainsi pour Jouault et Kieffer (2017a), l’alternative réside surtout dans un modèle de développement différent à celui de l’économie néolibérale orienté vers le profit, mais plutôt à la création d’entreprise sociale afin de diversifier les activités et les revenus des sociétés rurales. En ce sens, le tourisme devient une alternative aux activités primaires. En partant de l’opposition « tourisme de masse » et « tourisme alternatif », les mêmes auteurs relèvent que ce dernier recouvre une multitude de types de tourismes qui peuvent être classés, selon les expressions, comme référence à des produits, des valeurs ou à des espaces, ce qui démontre la complexité du phénomène.

C’est dans ce contexte qu’a été formulé le « tourisme communautaire », inspiré du Community based tourism anglo-saxon, pour désigner une activité mettant l’accent sur l’échange et l’intégration aux villageois, mais aussi sur le fait que ces derniers soient, au moins en partie, propriétaire des moyens de production touristiques (Ibid. ; Kiss, 2004). Pour saisir le phénomène dans son ensemble, il faut donc prendre en compte cette modalité communautaire de mise en tourisme qui a pris de l’importance au Mexique car y existent des formes spécifiques de propriété collective du sol. En effet, 70% du territoire national est ainsi constitué de ejidos et de communautés agraires. A celles-ci il faut ajouter un nombre incalculable de localités ou village dans lesquelles subsistent, de manière plus ou moins prononcées, des formes d’organisation inspirées des us et coutume. De nombreuses communautés indigènes tentent ainsi de préserver depuis des temps immémoriaux leurs territoires, c’est-à-dire de préserver et produire un espace qui leur permette de se reproduire et de se reconnaître comme communauté, ce qui part ailleurs définit des offres touristiques uniques. Le tourisme alternatif, censé valoriser traditions et/ou nature, peut-il tenir ses promesses et si oui, dans quelles mesures ?

Ce séminaire a donc pour objectif d’étudier la mise en tourisme alternative ou le développement de ces activités dans le cadre de sociétés locales et/ou communautaires et d’en évaluer les effets socio-environnementaux. A ce titre, trois axes de questionnement se dessinent et permettent, de manière transversale et spatialisée, d’aborder les enjeux sociaux, économiques et environnementaux du tourisme alternatif:

1) Gouvernance des territoires, tourisme communautaire et cohésion des sociétés locales

Un certain nombre d’activités touristiques alternatives, notamment dans l’état d’Oaxaca, sont portées par des communautés qui ont profité de leurs territoires et l’ont valorisé tout en développant leurs capacités d’organisation et de gestion, et ceci en incluant la communauté dans les prises de décisions et dans le partage des ressources, comme c’est le cas des maintenant célèbres peuples mancomunados (Palomino, Gasca et López, 2016). Les mêmes auteurs mettent en perspectives ces réussites sociales dans l’économie, puisqu’ils relèvent qu’au niveau national, plus de 200 de ces expériences ont obtenu de meilleurs positionnements sur le marché, notamment celles qui ont fortifié leur organisation communautaire via l’élaboration de cadres institutionnels ou mode de gouvernance visant à réguler les différentes activités productives. Cependant, entreprise communautaire ne signifie pas entreprise collectivisée. Construit idéalement à leurs fondations, ces entreprises peuvent évoluer vers divers profils forts différents : développement économique social et solidaire ; privatisation progressive éventuellement dissimulée ; soumission au paternalisme ou aux stratégies clientélistes des institutions qui émettent des subventions ; ou terminer sur un échec (Jouault et Kieffer, 2017a).

En effet, même s’il est en vogue et appuyé par les institutions nationales, tourisme alternatif n’est pas gage de réussite économique ni environnementale. De nombreuses expériences ont rencontré des impasses, surtout avec l’application de mesures hors-sol plus ou moins standardisées (Guerrero Rodríguez, 2010), comme par exemple de développer une activité touristique sans disposer des infrastructures qui le permettent (routes d’accès, capacité de communications, etc.). Les risques peuvent aussi être importants en termes de cohésion sociale avec l’effritement de l’unité communautaire (Daltabuit et al., 2000). À ce titre, Jouault et Kieffer soulignent que la réussite des projets alternatifs ou communautaires réside souvent dans l’appropriation des projets par la communauté (2017a ; Kieffer, 2016).

Cela dit, il est important de ne pas homogénéiser les communautés. Comme toute société, une communauté hérite de son passé et des tensions entre groupes aux intérêts divergents, que la mise en tourisme peut d’ailleurs révéler ou exacerber (Jouault, 2018 ; Marie dit Chirot, 2014). L’existence même d’un cadre législatif national qui reconnaît les communautés agraires n’épuise pas les capacités d’adaptation du social à l’institutionnel. Au contraire, certains auteurs invitent même à intégrer à l’analyse la flexibilité des institutions communautaires et leurs potentiels d’adaptation au changement, entre autres parce que les « ressources communautaires » sont rarement « socialement » précises (Appendini et al., 2002). Il est intéressant d’observer comment les communautés peuvent s’approprier les instruments institutionnels. On perçoit ainsi que ce questionnement sur la marge de manœuvre des communautés implique une lecture multi-scalaire des modes de gouvernance. En effet, le développement du tourisme communautaire fut et reste impulsé à travers diverses actions portées autant par des organismes internationaux que par des institutions fédérales, étatiques et municipales (Jouault et Kieffer, 2017a), avec les conséquences normatives que cela suppose.

De la même manière qu’il ne faut pas idéaliser la « vie harmonieuse » et la conscience collective des communautés rurales, il ne faut diaboliser les sociétés locales qui ne seraient pas communautaires et les caricaturer de « sommes d’individus rationnels en compétition ». Dans toute société il existe des processus de mise en commun institutionnel, mais aussi informels à travers la subjectivation politique, d’identification collective, c’est-à-dire de formation de groupe qui se reconnaît comme tel de manière relativement autonome, et ceci ne serait-ce qu’à partir d’une « simple » coprésence d’individus dans un même lieu (Lariagon, 2018). Dans le cas de la mise tourisme des groupes peuvent se former, pensons par exemple à la création de coopératives, d’entente de marché et de sous-traitances, mais aussi dans la contestation, à des associations de voisins, des lobbies environnementaux ou même à des mouvements sociaux de plus grande ampleur. Et puis, au milieu de tout ça, il y a les touristes, bien sûr.

On le comprend donc, compte tenu du nombre de variables (entres autres : offres et types d’entreprises touristiques, caractéristiques des sociétés locales et « composition interne », échelons de gouvernance impliqués, acteurs exogènes), étudier l’évolution de la cohésion sociale des sociétés locales au prisme de la mise en tourisme nous situe dans un problème complexe où la gouvernance n’est pas qu’un jeu institutionnel formel. Il s’agit ici de dépasser l’approche dualiste considérant le tourisme comme un élément exogène et perturbateur pour des sociétés locales considérées comme « bonnes par essence ». Ainsi, déceler les enjeux socio-environnementaux du développement d’une activité touristique souvent nécessaire à la sortie de la pauvreté doit notamment permettre d’ouvrir le débat sur la plus ou moins forte cohésion des sociétés locales. Plus concrètement, quels sont les modes de gouvernance permettant de mieux maîtriser les effets négatifs et de bonifier les effets positifs de l’activité touristique dite « alternative » ? Les organisations communautaires et collectives sont-elles plus efficaces pour allier développement touristique et cohésion sociale ? Quelles autres expériences situées dans des sociétés locales non communautaires confortent cette analyse ou au contraire la nuancent ? Ce questionnement constitue un enjeu majeur pour la recherche scientifique sur le tourisme communautaire (Jouault et Kieffer, 2017a).

Dans toutes les configurations possibles, le Mexique se trouve être un laboratoire unique, compte tenu de son passé politique, notamment de la réforme agraire qui a suivi la révolution du début du XXe siècle. Celle-ci a permis d’ancrer des populations indigènes et paysannes et ainsi de renforcer la ruralité, les liens productifs directs avec la nature, ressources ou bien communs.

2) Développement touristique et évolution de la relation rural-urbain :

Ce premier axe de recherche sur la cohésion des sociétés locales et des modes de gouvernance à l’épreuve du développement touristique alternatif ou communautaire pose aussi la question de la gestion collective des ressources naturelles, et plus largement celle de l’espace et des enjeux qu’il recèle. Chercher à démêler les relations entre le tourisme et la conservation du patrimoine, incluant bio-culturel indigène, situe les études touristiques dans l’écologie politique. Par écologie politique nous comprenons le projet de faire entrer de l’écologie en politique lorsque celle-ci appelle à une transformation profonde du modèle social et économique (Larrère et al. 2013). Il s’agit donc d’une approche intégrale qui ne se limite pas à la politique, c’est à dire au jeu institutionnel et aux modes de gouvernance, mais lui relie dialectiquement la dimension économique. Ce deuxième axe, en complémentarité du premier, cherche donc à interroger comment des sociétés rurales et communautaires, par la relative autonomie que leur confèrent leurs situations géographique et sociale, conserve une organisation productive qui leur est propre et qui inclue la protection de l’environnement.

Cette question de la gestion des ressources naturelles à l’échelle locale est d’ailleurs devenue un des centres des préoccupations des sciences de la durabilité et de la complexité depuis qu’ils ont été présentés, notamment par Ostrom (1998), comme des « communs » que la société peut administrer et/ou prendre soin. La diversité de termes apparemment proches témoigne des batailles scientifiques, idéologiques, politiques et sociales qui se donnent autour des enjeux d’accès aux ressources naturelles et de leurs utilisations. Tout un débat s’est ainsi ouvert autour des concepts de communs ou des biens communaux pouvant appartenir à une commune ou à une collectivité, ou encore des biens communs socialement institués. À titre d’exemple, et pour n’évoquer que deux postulats opposés, pour une optique matérialiste éloignée de l’approche naturaliste d’Ostrom, les communs pourraient être des biens, matériels comme immatériels, mis en commun pour garantir la reproduction d’un groupe social, qui par la pratique et l’usage en commun deviendraient, de facto, une communauté. Dans cette acception, les biens communs ne sont donc pas des objets, mais font référence à un mode de production (Brancaccio, 2019).

En ce sens, un mode de production communautaire diffère de l’économie de marché. Prendre cette différence comme prémisse analytique permet de donner de la profondeur à la question touristique alternative. En effet, le tourisme fonctionne par la réception de personnes qui par définition proviennent d’autre part. Et généralement les touristes importent avec eux leurs pratiques (exigence de confort, accès à internet, régimes alimentaires, etc.) liées à la vie urbaine et l’offre touristique s’y adapte tendanciellement pour satisfaire la demande. Même pour les sites les moins compétitifs et attractifs, la mise en tourisme induit nécessairement une modification, même minime, des pratiques et donc de la structure socio-économique locale. Ce processus est concomitant à une transformation morphologique de la localité, comme par exemple la hausse de la superficie constructible et la baisse de l’espace agricole utile. Parallèlement la mise en tourisme enclenche aussi le processus de valorisation de l’espace qui génère mécaniquement une augmentation du prix du foncier (Marie Dit Chirot, 2017), ce qui peut exercer des pressions sur la propriété collective quand elle existe. Il semble donc qu’il y ait un intérêt réel à prendre au sérieux la proposition de Marie Dit Chirot (Ibid.) quant à la rematérialisation des études touristiques.

 Une approche critique impose de ne pas confondre l’urbain et la ville ni de réduire l’urbanisation à un processus naturel de concentration géographique des êtres humains. L’urbanisation ne peut être réduite à l’extension du bâtit mais doit au contraire être comprise comme une mutation récente de la société dans laquelle l’urbain est à la fois le cadre et le produit de l’économie de marché, dont l’immobilier et le secteur tertiaire sont les principaux moteurs (Marie Dit Chirot, 2017 ; Lefebvre, 1972). En ce sens, l’observation de Jouault (2018) sur la mise en clôture d’espaces au sein de villages et communautés généré principalement par la mise en tourisme invite à replacer le phénomène d’urbanisation dans une perspective socio-historique. Son étude fait écho à l’histoire des pays européens et au démantèlement des différentes formes de propriétés collectives (communaux en France par exemple) par leurs privatisations, parcellisations et clôture (les plus connues, les enclosures en Angleterre), processus qui avait impulsé un exode rural massif profitable à l’industrialisation des villes, enclenchant la phase décisive de l’urbanisation du monde. C’est bien cette dynamique qui s’est mondialisée au point d’avoir acté le dépassement de la société industrielle par la société urbaine (Lefebvre, 1972), et d’atteindre désormais la périphérie des pays périphériques, comme le sont les campagnes mexicaines. Est-ce donc un hasard si le tourisme alternatif s’est surtout développé dans les pays émergents moins industrialisés et urbanisés et ayant des espaces naturels et communautaire plus préservés ?

Si le tourisme alternatif suppose que la société locale et son territoire rassemblent à la fois les ressources (naturelles, culturelles, patrimoniales, etc.) et les acteurs (investisseurs, entrepreneurs, décideurs, main d’œuvre, etc.) nécessaires à la mise en tourisme, n’y a-t-il pas une contradiction entre un développement qui prend le risque de l’urbanisation et une volonté de protection de la nature ? Est-ce la même contradiction du mode de production capitaliste basé sur une croissance infinie dans un monde fini ? Cette contradiction propre au tourisme alternatif mérite d’être approfondie afin d’évaluer les potentiels et limites d’une activité touristique basée sur la valorisation de ressources socio-naturelles.Il devient stratégique de saisir l’impulsion ou la persistance d’un mode de faire communautaire et d’une gouvernance compatible avec sa préservation, puis d’observer sa résistance à la fragmentation des territoires. En ce sens, la gestion communautaire et/ou la propriété collective permettent-elles de conserver une certaine ruralité et autonomie face à l’avancé inexorable de l’urbain et de l’hétéronomie ? Si une organisation communautaire vertueuse évite la mise en compétition de ses acteurs internes et l’intromission d’acteurs externes, ne peut-on pas imaginer que la compétition touristique se déplace à l’échelle intercommunautaire, déplaçant ainsi le problème ?

Avec cette série de questions on comprend que l’analyse des modes de gouvernance ne peut être déliée d’une étude des structures socio-économique et dynamiques foncières et immobilières. Il s’agit d’intégrer le champ de la gouvernance à une approche d’économie politique qui pose l’espace touristique comme enjeu social majeur de notre époque. En effet, étudier l’urbanisation des campagnes mexicaines par la mise en tourisme positionne à la fois le problème comme l’étape contemporaine d’une histoire de plusieurs siècles de destruction de la propriété collective au profit de la propriété privée, et comme nouveau mode de spatialisation et d’extension de l’économie de marché propre à la mondialisation capitaliste.

3) Tourisme alternatif et recherche action participative

Le tourisme, et particulièrement l’alternatif, en tant qu’objet de recherche, soulève également la question des méthodologies de recherche. Ce séminaire entend aussi aborder le choix méthodologique comme un élément important du processus de recherche, dans lequel les techniques utilisées sont liées à des fondements théoriques et épistémologiques impliquant des prises de position politiques du chercheur. Au Mexique, pays confronté à un fort autoritarisme politique (accès au pouvoir restreint, liberté d’expression limitée, droits de l’Homme bafoués), une situation de pauvreté extrême et une grande biodiversité culturelle et naturelle, il est intéressant pour le chercheur de lier recherche et action, utilisant sa place relative dans les relations de pouvoir afin de se mettre au service de la société civile. Dans le contexte des pays en développement, caractérisés par un niveau d’éducation très bas, un accès limité à l’information et des perspectives limitées de développement personnel, le caractère déontologique et d’utilité sociale de la recherche prennent tout leur sens. L’Université, et les universitaires en général, possèdent un engagement fort envers la société civile qui se traduit, pour rependre le concept d’Albert Bruce (1995), par des recherches impliquées. Le serment solennel prononcé par l’étudiant lors de sa soutenance de thèse à l’UNAM illustre cette situation. Dans ce cadre, la Recherche-Action-Participative (RAP) est un champ de recherche, qui, bien qu’il soit encore marginal, est beaucoup plus reconnu au Mexique et en Amérique Latine que dans d’autres contextes universitaires, européens ou anglo-saxons notamment (Anadon & Savoie-Zajc, 2007).

D’un autre côté, le chercheur continue d’utiliser une série d’outils méthodologiques plus classiques, tels que l’observation, les entretiens, les questionnaires ou autres, stratégie qui permet dans ce cas de parler d’un processus de co-production de la connaissance dans lequel la retro-alimentation entre le savoir local et le savoir universitaire est constante. Les activités réalisées cherchent donc à avoir une incidence locale dans toutes les phases de la recherche, c’est-à-dire à ce que le système construit par la recherche soit utile et valable pour la prise de décision. Cette incidence se donne par une complémentarité étroite entre la recherche et la participation, qui ne doit pas se limiter à une simple recommandation technique mais doit permettre de s’éloigner du modèle paternaliste des Gouvernements et permettre aux bénéficiaires de mobiliser leurs propres ressources en définissant leurs nécessités et en décidant comment les satisfaire. Tosun (2000 : 615) affirme que « la participation permet de réaffirmer le poids des communautés locales contre celui des autorités publiques en permettant un transfert de pouvoir ; mais c’est également une manière d’apprendre la politique et la démocratie, une éducation à la citoyenneté, un processus de renforcement des capacités à travers lequel les gens, avec ceux qui les accompagnent, identifient leurs problèmes et nécessités avec l’objectif de mener des actions collectives pour les combattre ».

Outre les difficultés de valoriser l’impact de la RAP, il s’agit de mieux définir ce champ de recherche, qui n’est pas nouveau. Les premiers écrits datant de la fin des années 1980 et du début des années 1990 avec Desroche, (1981, 1993), Carr & Kemmis (1986), Lewin (1992) et Elliot (1993), reprendre ce projet permettrait de participer à une redéfinition du rôle et de la responsabilité du chercheur dans la construction d’une société plus égalitaire. La RAP et la méthodologie des « systèmes doux » (soft system methodology) (Checkland & Holwell, 1998) entendent générer un modèle d’intervention capable de participer à la construction d’apprentissages locaux pour promouvoir un changement à partir de l’implication des sujets mêmes de l’étude dans la recherche. Il s’agit de l’étude d’une situation sociale qui a pour finalité d’améliorer la qualité de l’action à l’intérieur de celle-ci (Elliot, 1993). Alberich (2007 : 6) définit cette approche comme « une méthode d’étude et d’action qui cherche à obtenir des résultats fiables et utiles pour améliorer des situations collectives, en basant la recherche sur la participation des sujets à étudier. Ceux-ci passent ainsi du statut ‘d’objet’ d’étude à celui de ‘sujet’ protagoniste de la recherche, contrôlant et interagissant tout au long du processus de recherche et nécessitant une implication et une coexistence du chercheur externe avec la communauté à étudier ». Un travail de terrain sur le tourisme, et plus particulièrement sur le tourisme alternatif, et qui s’inscrit dans ce paradigme méthodologique de la RAP, permettrait de favoriser entre autres, un dialogue de savoirs, la participation des acteurs locaux dans la recherche et dans l’évaluation des ressources par exemple, dans la reconstruction de l’histoire, dans l’analyse institutionnelle et dans la conception d’alternatives et de projets (Paré & Fuentes, 2007).

Ainsi, dans le cadre de l’étude du tourisme alternatif, activité liée à des enjeux de développement, conçu comme un processus de changement social construit par les acteurs locaux (Doucet & Favreau, 1997 ; Olivier de Sardan, 1995, 1996 ; Sunkel, 2007 ; Vachon, 2001), d’amélioration de la qualité de vie, de réalisation personnelle et collective des acteurs locaux, de projet de vie, de défense des territoires, etc., la RAP peut se présenter comme une approche méthodologique intéressante à utiliser afin de sortir des cloisonnements de la recherche classique.

Cet axe invite donc à interroger les réussites et échecs de ces expériences de RAP, mais aussi à approfondir l’analyse des difficultés rencontrées ainsi que toutes les solutions ou stratégies de contournement des problèmes. Dans ce sens, et afin de prolonger la réflexion sur les biens communs, ces stratégies coopératives de recherche, à supposer le dépassement de la séparation entre le sujet et l’objet, entre le chercheur et les populations, ne reposent-elles pas la question plus large du modèle de société et du mode de production ? Si cette méthode suppose de sortir d’un rôle socialement défini presque comme hermétique, ne s’agit-il pas de proposer une autre division du travail ? À considérer que les populations participent à produire des connaissances sur les phénomènes touristiques qui les impliquent, le chercheur, à socialiser des méthodes et éthiques de recherche, ne devient-il pas co-producteur du tourisme ?

Turismo, espacio y bienes comunes

Los mecanismos de la globalización económica ya han sido analizados a través de muchas disciplinas y por muchos autores, destacando en particular los efectos nocivos del turismo de masas sobre el medio ambiente. Es la razón por la cual en las décadas de 1990 y 2000 muchas organizaciones internacionales vieron el turismo alternativo una “vía verde” del desarrollo turístico. Así el turismo alternativo se desarrolló fuertemente en los años 1990 siguiendo las recomendaciones de organizaciones internacionales (Jouault y Kieffer, 2017a; 2017b). En México, el crecimiento del sector ha generado una diversificación de la oferta turística, hasta el punto de que el Ministerio de Turismo de México (Sectur) ha establecido una tipología para enmarcarla mejor. La categoría de turismo de naturaleza incluye, por ejemplo: ecoturismo, turismo rural o incluso turismo de aventura (Sectur, 2006). Y cuando se trata de descubrir comunidades indígenas, la atracción por la naturaleza se combina con el turismo cultural, fomentando la patrimonialización de los paisajes.

Sin embargo, este desarrollo no ha frenado el “turismo industrial”. En la península de Yucatán en México, el programa Mundo Maya, pionero del género, se lanzó en 1988 para contrarrestar los efectos del turismo de masas en las costas del Caribe y desarrollar un turismo más ecológico que garantiera ingresos para las poblaciones rurales (Daltabuit et al., 2000). Jouault y González-Kuk (2018) han demostrado que estas actividades han crecido rápidamente y hoy representan una oferta complementaria (social, económica y, por lo tanto, espacialmente) al turismo conocido como de “sol y playa”. Esto invita primero a estar atento a los procesos de regionalización o metropolización en los que estas actividades podrían verse influenciadas o dependientes; y luego a relativizar su carácter alternativo en la oferta turística tradicional. Por lo tanto, para Jouault y Kieffer (2017a), la alternativa radica sobre todo en un modelo de desarrollo diferente al de la economía neoliberal orientada hacia la ganancia, sino más bien a la creación de empresas sociales para diversificar las actividades e ingresos de sociedades rurales. En este sentido, el turismo se convierte en una alternativa a las actividades primarias. Partiendo de la oposición “turismo de masas” y “turismo alternativo”, los mismos autores señalan que este último abarca una multitud de tipos de turismo que pueden clasificarse, según expresiones, como referencia a productos, a valores o a espacios, lo que indica la complejidad del fenómeno.

Es en este contexto que se formuló el “turismo comunitario”, inspirado en el Community based tourism anglosajón para designar una actividad que enfatiza el intercambio y la integración con los aldeanos, pero también el hecho de que estos últimos son, al menos por parte, propietarios de los medios de producción turística (Ibíd.; Kiss, 2004). Para comprender el fenómeno en su conjunto, es necesario tener en cuenta esta modalidad comunitaria de puesta en turismo que ha cobrado importancia en México porque existen formas específicas de propiedad colectiva de la tierra. De hecho, el 70% del territorio nacional está formado por ejidos y comunidades agrarias. A estas hay que añadir un número incalculable de localidades o pueblo rurales en los cuales permanecen, de manera más o menos pronunciada, formas de organización inspirada de los usos y costumbres. Muchas comunidades indígenas han así tratado de preservar sus territorios desde tiempos inmemoriales, es decir, preservar y producir un espacio que les permita reproducirse y reconocerse como una comunidad, que de facto define ofertas turísticas únicas. ¿Puede el turismo alternativo cumplir sus promesas de preservación de las tradiciones y/o de la naturaleza y, de ser así, en qué medida? Por lo tanto, el objetivo de este seminario es estudiar el desarrollo del turismo alternativo o el desarrollo de estas actividades en el marco de sociedades locales y/o comunitarias y evaluar sus efectos socio-ambientales. Como tal, surgen tres líneas de cuestionamiento que permiten, de manera transversal y espacializada, abordar los desafíos sociales, económicos y ambientales del turismo alternativo:

1) Gobernanza de los territorios, turismo comunitario y cohesión de las sociedades locales

Un cierto número de actividades turísticas alternativas, especialmente en el Estado de Oaxaca, son llevadas a cabo por comunidades que se han aprovechado de sus territorios y las han valorado mientras desarrollan sus capacidades organizativas y de gestión, y esto al incluir la comunidad en la toma de decisiones y en el intercambio de recursos, como es el caso de los ahora famosos pueblos Mancomunado (Palomino, Gasca y López, 2016). Los mismos autores ponen en perspectiva estos éxitos sociales en la economía, ya que señalan que, a nivel nacional, más de 200 de estas experiencias han obtenido un mejor posicionamiento en el mercado, en particular las que han fortalecido su organización comunitaria a través del desarrollo de marcos institucionales o modos de gobierno dirigidos a regular las diversas actividades productivas. Sin embargo, empresa comunitaria no significa empresa colectiva. Construidas idealmente en su fundación, estas empresas pueden evolucionar hacia varios perfiles muy diferentes: desarrollo económico social y solidario; privatización gradual posiblemente disimulada; sumisión al paternalismo o a las estrategias clientelistas de las instituciones que emiten subsidios; o terminar en fracaso (Jouault y Kieffer, 2017a).

De hecho, a pesar de estar en boga y apoyado por instituciones nacionales, el turismo alternativo no es garantía de éxito económico o ambiental. Muchas experiencias han encontrado callejones sin salida, especialmente con la aplicación de medidas “fueras de contexto” más o menos estandarizadas (Guerrero Rodríguez, 2010), como por ejemplo el desarrollo de una actividad turística sin tener la infraestructura que lo permita (caminos de acceso, capacidad de comunicación, etc.). Los riesgos también pueden ser significativos en términos de cohesión social con la erosión de la unidad comunitaria (Daltabuit et al., 2000). Jouault y Kieffer enfatizan que el éxito de proyectos alternativos o comunitarios a menudo radica en la apropiación de los proyectos por parte de la comunidad (2017a; Kieffer, 2016).

Dicho esto, es importante no homogeneizar a las comunidades. Como cualquier sociedad, una comunidad hereda de su pasado y de las tensiones entre grupos con intereses divergentes, que el entorno turístico puede revelar o exacerbar (Jouault, 2018; Marie Dit Chirot, 2014). Además, la existencia misma de un marco legislativo nacional que reconoce a las comunidades agrarias no agota la capacidad de adaptación de lo social a lo institucional. Por el contrario, algunos autores incluso invitan a integrar en el análisis la flexibilidad de las instituciones comunitarias y su potencial para adaptarse al cambio, entre otras cosas porque los “recursos comunitarios” rara vez son precisos “socialmente” (Appendini et al., 2002). Es interesante observar cómo las comunidades pueden apropiarse de instrumentos institucionales. Por lo tanto, podemos ver que este cuestionamiento del margen de maniobra de las comunidades implica una lectura multi-escalar de los modos de gobernanza. De hecho, el desarrollo del turismo comunitario fue y sigue siendo impulsado por diversas acciones llevadas a cabo tanto por organizaciones internacionales como por instituciones federales, estatales y municipales (Jouault y Kieffer, 2017a), con las consecuencias normativas que esto supone.

Del mismo modo que no debemos idealizar la “vida armoniosa” y la conciencia colectiva de las comunidades rurales, no debemos demonizar a las sociedades locales que no son comunitarias y caricaturizarlas como “sumas de individuos racionales en competencia”. En cualquier sociedad existen procesos de agrupación institucional, pero también informales a través de la subjetivación política, de la identificación colectiva, es decir, de la formación de grupos que se reconocen a sí mismos y de manera relativamente autónoma, y esto, aunque solo sea a partir de la copresencia “simple” de individuos en el mismo lugar (Lariagon, 2018). En el caso del desarrollo turístico se pueden formar grupos, por ejemplo, con la creación de cooperativas, acuerdos de mercado y subcontratación, pero también en la protesta, como asociaciones de vecinos, grupos de presión ambientales o incluso a movimientos sociales más grandes. Y en medio de todo esto están por supuesto a distintos tipos de turistas.

Por lo tanto, es comprensible, teniendo en cuenta el número de variables (entre otras: ofertas y tipos de negocios turísticos, características de las sociedades locales y “composición interna”, niveles de gobierno involucrados, actores exógenos), estudiar la evolución de la cohesión social de las sociedades locales a través de la lente de las experiencias turísticas nos coloca en un problema complejo, en el cual la gobernanza no es solo un juego institucional formal. Aquí se trata de ir más allá del enfoque dualista considerando el turismo como un elemento exógeno y disruptivo para las sociedades locales consideradas “buenas en esencia”. Por lo tanto, detectar los desafíos socioambientales del desarrollo de una actividad turística a menudo necesaria para salir de la pobreza, debe permitir abrir el debate sobre la cohesión más o menos fuerte de las sociedades locales. Más concretamente, ¿cuáles son los modos de gobernanza que permiten controlar mejor los efectos negativos y mejorar los efectos positivos de la llamada actividad turística “alternativa”? ¿Las organizaciones comunitarias y colectivas serían más efectivas para combinar el desarrollo turístico y la cohesión social? ¿Qué otras experiencias ubicadas en sociedades locales no comunitarias respaldarían este análisis o, por el contrario, lo matizaría? Este cuestionamiento constituye un tema importante para la investigación científica sobre turismo comunitario (Jouault y Kieffer, 2017a).

En todas las configuraciones posibles, México es un laboratorio único, teniendo en cuenta su pasado político, especialmente la reforma agraria que siguió a la Revolución Mexicana de principio del siglo XX. Esto permitió anclar a las poblaciones indígenas y campesinas y así fortalecer una cierta ruralidad, con vínculos productivos más directos con lo que se puede considerar como la Naturaleza, recursos o bienes comunes.

2) Desarrollo turístico y evolución de la relación rural-urbana

Esta primera línea de investigación sobre la cohesión de las sociedades locales y los modos de gobernanza a pruebas del desarrollo turístico alternativo o comunitario plantea la cuestión de la gestión colectiva de los recursos naturales y, en general, la del espacio y los desafíos que contiene. Tratar de desenredar las relaciones entre el turismo y la conservación del patrimonio, incluyendo a la biocultural indígena, coloca a los estudios de turismo en la ecología política. Por ecología política entendemos el proyecto de incorporar la ecología a la política cuando se exige una profunda transformación del modelo social y económico (Larrère et al. 2013). Por lo tanto, es un enfoque integral que no se limita a la política, es decir, al juego institucional y a los modos de gobernanza, sino que se vincula dialécticamente a la dimensión económica, o material. Por lo tanto, este segundo eje, en complementariedad con el primero, busca cuestionar cómo las sociedades rurales y comunitarias, por la autonomía relativa que les confieren sus situaciones geográficas, sociales y culturales, mantienen una organización productiva que les es específica y que incluye la protección del medio ambiente.

                Este tema de la gestión de los recursos naturales a nivel local se ha convertido, además, en una de las preocupaciones de las ciencias de la sostenibilidad y de la complejidad desde que fueron presentadas, especialmente por Ostrom (1998), como “comunes” que la sociedad puede administrar y/o cuidar. La variedad de términos aparentemente cercanos atestigua de las batallas científicas, ideológicas, políticas y sociales que están ocurriendo en torno a los problemas de acceso a los recursos naturales y sus usos. Se ha abierto todo un debate en torno a los conceptos de comunes o bienes comunales que pueden pertenecer a una municipalidad o a una comunidad, o incluso bienes comunes instituidos socialmente. A modo de ejemplo y para mencionar solo dos postulados opuestos, para una perspectiva materialista muy alejada del enfoque naturalista de Ostrom, los bienes comunes podrían ser bienes, materiales e intangibles, agrupados para garantizar la reproducción de un grupo social, que por práctica y uso común se convertiría, de facto en una comunidad. En esta aceptación, los bienes comunes, por lo tanto, no son objetos, sino que se refieren a un modo de producción (Brancaccio, 2019).

En este sentido, un método de producción comunitaria difiere de la economía de mercado. Tomar esta diferencia como premisa analítica da profundidad al cuestionamiento del turismo alternativo. Efectivamente, el turismo funciona por la recepción de personas que, por definición, provienen de otra parte. Y, en general, los turistas importan con ellos sus prácticas (requisitos de comodidad, acceso a Internet, dietas específicas, etc.) relacionadas con la vida urbana y la oferta turística tiende a adaptarse para satisfacer la demanda. Incluso, para los sitios menos competitivos y atractivos, el entorno turístico induce necesariamente una modificación, incluso mínima, de las prácticas y, por lo tanto, de la estructura socioeconómica local. Este proceso es concomitante con una transformación morfológica de la localidad, como por ejemplo el aumento del área construible y la disminución del espacio agrícola útil. Al mismo tiempo, el desarrollo del turismo también pone en marcha el proceso de valoración del espacio que genera mecánicamente un aumento en el precio de la tierra (Marie Dit Chirot, 2017), que puede ejercer presión sobre la propiedad colectiva cuando existe. Por lo tanto, parece que hay un interés real en tomar en serio la propuesta de Marie Dit Chirot sobre la rematerialización de los estudios turísticos.

Un enfoque crítico requiere no confundir lo urbano con la ciudad, ni de limitar la urbanización a un proceso natural de concentración geográfica de los seres humanos. La urbanización no puede reducirse a la extensión de lo construido, sino que, por el contrario, debe entenderse como un cambio reciente en la sociedad en la cual lo urbano es tanto el marco como el producto de la economía de mercado, resaltando al sector inmobiliario y el sector terciario como principales motores (Ibíd.; Lefebvre, 1972). En este sentido, la observación de Jouault (2018) sobre el cierre o “cercamiento” de espacios dentro de pueblos y comunidades, generados principalmente por el desarrollo turístico, nos invita a ubicar el fenómeno de la urbanización en una perspectiva sociohistórica mucho más larga. Este estudio hace eco a la historia de los países europeos y al desmantelamiento de las diversas formas de propiedad colectiva (los comunales en Francia, por ejemplo) mediante sus privatizaciones, parcelaciones y cercados (los más conocidos, las enclosures en Inglaterra), un proceso que había provocado un éxodo rural masivo provechoso para la industrialización de las ciudades, impulsando la fase decisiva de la urbanización del mundo. Es esta dinámica la que se ha globalizado hasta el punto de que la sociedad urbana subordino a la sociedad industrial (Lefebvre, 1972), hasta llegar a la periferia de los países periféricos, como lo es el campo mexicano. Entonces, ¿es una coincidencia que el turismo alternativo se haya desarrollado principalmente en países emergentes que están menos industrializados y urbanizados y tienen espacios naturales y comunitarios más preservados?

Si el turismo alternativo supone que la sociedad local y su territorio reúnen tanto los recursos (naturales, culturales, patrimoniales, etc.) como los actores (inversionistas, empresarios, tomadores de decisiones, mano de obra, etc.) necesarios para la implementación turística, ¿no existiría una contradicción entre un desarrollo que asume el riesgo de urbanización y un deseo de proteger a la naturaleza? ¿Sería esta la misma contradicción del modo de producción capitalista basado en un crecimiento infinito en un mundo finito? Esta contradicción específica del turismo alternativo merece ser profundizada para evaluar los potenciales y límites de una actividad turística basada en el desarrollo de recursos socio-naturales. Se vuelve estratégico captar el ímpetu o la persistencia de un modo comunitario de hacer y de una gobernanza compatible con su preservación, y luego observar su resistencia a la fragmentación de los territorios. En este sentido, ¿la gestión comunitaria y/o la propiedad colectiva permitirían mantener a una cierta ruralidad y autonomía frente al avance inexorable de lo urbano y la heteronomía? Si una organización comunitaria virtuosa evita la competencia de sus actores internos y la intromisión de actores externos, ¿no podemos imaginar que la competencia turística se mueve a una escala más amplia, intercomunitaria, desplazando así el problema?

Con esta serie de preguntas, entendemos que el análisis de los modos de gobernanza no puede separarse de un estudio de las estructuras socioeconómicas y dinámicas de los bienes y raíces y de los bienes inmuebles. Se trata de integrar el campo de la gobernanza en un enfoque de economía política que posicione el espacio turístico como algo socialmente en juego en nuestra época. De hecho, estudiar la urbanización del campo mexicano a través del turismo posiciona el problema, en su etapa contemporánea, de una historia de varios siglos de destrucción de la propiedad colectiva en beneficio de la propiedad privada, y como un nuevo modo de espacialización y extensión de la economía de mercado específica de la globalización capitalista.

3) Turismo alternativo e investigación acción participativa

El turismo, y particularmente el alternativo, como objeto de investigación, plantea también la cuestión de las metodologías de investigación. Este seminario pretende abordar la elección metodológica como un elemento importante del proceso de investigación, en el que las técnicas utilizadas están vinculadas a fundamentos teóricos y epistemológicos que implican posiciones políticas del investigador. En México, un país confrontado con un fuerte autoritarismo político (acceso restringido al poder, libertad de expresión limitada, derechos humanos violados), una situación de extrema pobreza y una gran biodiversidad cultural y natural, es interesante para el investigador vincular la investigación y la acción, utilizando su lugar relativo en las relaciones de poder para ponerse al servicio de la sociedad civil. En el contexto de los países en desarrollo, caracterizados por un nivel educativo muy bajo, acceso limitado a la información y perspectivas limitadas para el desarrollo personal, la utilidad ética y social de la investigación adquiere su pleno significado. La Universidad, y los académicos en general, tienen un fuerte compromiso con la sociedad civil que, al utilizar el concepto de Albert Bruce (1995), se traduce en investigación involucrada. El juramento solemne tomado por el estudiante durante su defensa de tesis en la UNAM ilustra esta situación. En este contexto, la Investigación-Acción-Participativa (IAP) es un campo de investigación que, aunque todavía marginal, es mucho más reconocido en México y América Latina que en otros contextos universitarios, europeos o anglosajones en particular (Anadon y Savoie-Zajc, 2007).

Además de las dificultades para valorar el impacto de la IAP, se trata de definir mejor este campo de investigación, que no es nuevo. Los primeros escritos datando de finales de los años 1980 y principios de los años 1990 con Desroche, (1981, 1993), Carr y Kemmis (1986), Lewin (1992) y Elliot (1993), retoman tal proyecto que ayudaría a redefinir el papel y la responsabilidad del investigador en la construcción de una sociedad más igualitaria. La IAP y la metodología del “sistema blando” (Soft system methodology) (Checkland y Holwell, 1998) pretenden generar un modelo de intervención capaz de participar en la construcción del aprendizaje local para promover el cambio basado en la participación de los sujetos mismos de la investigación. Es el estudio de una situación social que tiene como objetivo mejorar la calidad de la acción dentro de ella (Elliot, 1993). Alberich (2007: 6) define este enfoque como “un método de estudio y acción que busca obtener resultados confiables y útiles para mejorar las situaciones colectivas, basando la investigación en la participación de los sujetos a estudiar”. De este modo, pasan del estado de “objeto” de estudio al de “sujeto” protagonista de la investigación, controlando e interactuando a lo largo del proceso de investigación y requiriendo la participación y la convivencia del investigador externo con la comunidad a estudiar». Un trabajo de campo sobre turismo, y más particularmente sobre turismo alternativo, y que forma parte de este paradigma metodológico de la IAP, permitiría, entre otras cosas, promover un diálogo de conocimiento, la participación de actores locales en la investigación y la evaluación de los recursos, en la reconstrucción de la historia, en el análisis institucional y en el diseño de alternativas y proyectos (Paré & Fuentes, 2007).

Por otro lado, el investigador continúa utilizando una serie de herramientas metodológicas más convencionales, como observación, entrevistas, cuestionarios u otros, una estrategia que en este caso nos permite hablar de un proceso de producción de conocimiento en el cual la retroalimentación entre el conocimiento local y el conocimiento universitario es constante. Por lo tanto, las actividades realizadas buscan tener un impacto local en todas las fases de la investigación, es decir que el sistema creado por la investigación es útil y válido para la toma de decisiones. Este impacto viene dado por una estrecha complementariedad entre la investigación y la participación, que no debe limitarse a una simple recomendación técnica, sino que debe permitirnos alejarnos del modelo paternalista de los gobiernos y permitir a los beneficiarios movilizar sus propios recursos definiendo sus necesidades y decidir cómo satisfacerlas. Tosun (2000: 615) afirma que “la participación hace posible reafirmar el peso de las comunidades locales frente al de las autoridades al permitir una transferencia de poder; pero también es una forma de aprender política y democracia, educación para la ciudadanía, un proceso de desarrollo de capacidades a través del cual las personas, con quienes los acompañan, identifican sus problemas y necesidades con el objetivo de tomar medidas colectivas para combatirlos”.

Así, en el marco del estudio del turismo alternativo, la actividad vinculada a los desafíos del desarrollo, concebida como un proceso de cambio social construido por actores locales (Doucet y Favreau, 1997; Olivier de Sardan, 1995, 1996; Sunkel, 2007; Vachon, 2001), la mejora de la calidad de vida, el logro personal y colectivo de los actores locales, el proyecto de vida, la defensa de los territorios, etc., la IAP puede presentarse como un enfoque metodológico interesante para romper las particiones de la investigación clásica.

Por lo tanto, este eje nos invita a cuestionar los éxitos y fracasos de estas experiencias de IAP, pero también a profundizar el análisis de las dificultades encontradas, así como todas las soluciones o estrategias para contornar los problemas. En este sentido, y para prolongar la reflexión sobre los bienes comunes, estas estrategias de investigación cooperativa, suponiendo que superan la separación entre el sujeto y el objeto, entre el investigador y las poblaciones, ¿No volvería a plantear la cuestión más amplia del modelo de sociedad y el modo de producción? Si este método supone salir del rol socialmente definido como casi hermético, ¿no se trataría de proponer otra división del trabajo? Considerando que las poblaciones participan en la producción de conocimiento sobre los fenómenos turísticos que las involucran, ¿el investigador, al socializar de los métodos y éticas de investigación, no se convertiría también en coproductor del turismo?

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